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14 juillet patriotique au Laverq

Publié par Marie Christine Duval le mardi 27 juillet 2021

Un ouvrier forestier a écrit au rédacteur en chef

"Jamais pareille fête n’avait été célébrée le 14 juillet au Laverq.

Il est vrai que la section venait de recevoir un beau drapeau, offert par M. Delombre. Le mardi au soir, deux ouvriers du chantier de la Blanche, chantier dirigé par M. Bourgogne garde-forestier, sont venus chercher le drapeau, bien entendu avec l’autorisation de M. le maire, et le 14 juillet on l’a vu flotter sur la maison forestière.

AD4 plan bas (2)
le cable de la maison forestière AD04 fonds RTM 29FI0220 (détail)

Vers huit heures du matin, tout le chantier accompagné du garde est parti de la Blanche en chantant la Marseillaise. Le drapeau était porté par un vieux troupier. Ils sont arrivés au village de l’Abbaye où M. Donneaud leur a offert une bouteille de liqueur et M. Bourgogne quelques bouteilles de vin et de limonade qui ont été bues autour du drapeau aux cris répétés de : « Vive M. Delombre, vive la République et vive le garde ! »

On a ensuite suspendu le drapeau à la salle d’école et de nombreuses parties de boules et de cartes se sont engagées. A midi a eu lieu un dîner de vingt couverts, présidés par M. le Maire et les conseillers de la section, le garde-forestier et le facteur. A la fin du repas on a levé les verres aux cris de vive le drapeau français, vive M. Delombre et on s’est séparés dans l’espoir de pouvoir en dire et en faire autant l’année prochaine.

Veuillez, M. le rédacteur, insérer cet article dans votre prochain numéro et agréer, etc…

Signé : un ouvrier de la blanche."

 Vous l’avez compris, cette lettre n’était pas adressée à Roland notre rédacteur, mais au Journal de Barcelonnette en 1897.

plan Bas 1894 et 2016

M. Delombre est mis en lumière par le journal, il fut député des Basses Alpes pendant trois mandats. Parachuté depuis Paris, il arpenta le département dans tous les sens en patache ou à dos de mulet, c’était pourtant un spécialiste des chemins de fer… Il avait été élu en 1893, après une rude campagne, notamment au premier tour en triangulaire, contre Emile Chabrand le voyageur et collectionneur de Barcelonnette. Il sera aussi président du conseil général des Basses Alpes de 1899 à 1906, étant conseiller général du canton d’Allos, et même ministre pendant 3 mois. On pouvait lire chaque semaine dans le Journal de Barcelonnette le compte rendu de ses activités et le détail de ses dotations : ici un drapeau, là une carte de France pour l’école, un livre pour les bons élèves, ou bien une cloche pour l’église…

M. Donneaud a offert la liqueur, du génépi ? Odon Donneaud habitait encore aux Reynauds, chez Hilaire Reynaud, le père de sa femme Emilie Reynaud. La tablée lui a peut-être donné le goût du service, ou une idée : quand il quitte le Laverq il devient cafetier et restaurateur.

On a bu du vin de Bourgogne ! Frédéric Hippolyte Bourgogne était le garde forestier. Il habitait aux Clarionds. Natif de Pontis il s’était marié en 1890 avec Marie Césarie Arnaud, fille de Jean Baptiste, des Clarionds. En ce 14 juillet 1897 le couple n’a encore qu’un petit garçon prénommé Charmillon.

Et le maire ? C’était Etienne Casimir Reynaud, qui habitait au Duc. Il a été longtemps adjoint spécial pour la section du Laverq. Fils de Jean Jacques et Marie Magdeleine Amavet, il avait épousé Césarine Chaix qui venait de Larche.

Quant au facteur? Ce ne pouvait être que Joseph Berbeyer père. On sait maintenant que le 14 juillet était bien férié pour lui aussi.

 

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