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Ami, je pars

Publié par Lise Garnier le mercredi 1 juillet 2015

 Il est en nos montagnes comme un compagnonnage, une manière particulière d'avancer avec la certitude de l'autre en soi, une main posée sur l'épaule, une confiance gravée au coin d'un regard, d'un sourire, un élan qui s'établit d'une façon si légère et juste que nous ne pouvons que "suivre" et cela nous comble.
 
Chacun à sa manière aujourd'hui est un peu l'héritier d'une longue tradition qui liait dans la peine comme dans la joie les jeunes bergers des Alpes en leur rude apprentissage de la vie.
 
Ami, je pars, disait-il le matin en rassemblant les bêtes pour la pâture du jour, regarde moi passer le haut de la crête et quand je serai de l'autre côté siffle dans le saule tendre, je répondrai jusqu'à la tombée du jour pour que ces grandes solitudes qui sont aussi les nôtres résonnent de ce silence porté à bout de souffle.
 
Souvent, arrivés à l'âge adulte, pas assez de terre, pas assez de pain et cette faim au creux du cœur faisait prendre à quelques uns la nostalgique de l'ailleurs comme une école buissonnière perçue dans le regard sans bornes des derniers colporteurs. Ils s'en allaient alors en ce lointain Mexique et une fois encore disaient un matin..

Ami, je pars, voici la clef de ma maison. Lorsque j'aurai passé les monts et les vallées regarde la m'attendre, veille avec elle comme je pense à toi.
Si je ne reviens pas et qu'elle tombe en ruine, sauve un meuble en souvenir de moi.
Si elle doit se vendre sans moi et que tu es encore là, sauve-la en souvenir de toi.
Car nous sommes bergers, nous nous gardons en ce monde, pas à pas.
 
C'est ainsi que comme bien d'autres, je protège des assauts du temps l'armoire du menuisier, la table du cordonnier, le soufflet du forgeron, la maison du berger... tous partis  un matin, avec ce regard Bleu qui dit "nous nous gardons".
Et qu'aujourd'hui comme hier chacun pose la pierre à sa mesure à l'édifice de la Vie en restaurant et célébrant  une Abbaye.

Ainsi allons nous en cette vie qui ne fait que passer et sans cesse nous montre comment conjuguer en toutes modes et par tous les temps "Aime, et fait ce qui te plaît" puisqu'une fois l'Amour donné tout est plaisir en cette offrande.

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