Combien d’habitants à Méolans-Revel au cours des siècles ?
En 1783, dans son histoire du diocèse d’Embrun, l’Abbé Albert* donne un récapitulatif des familles dans les villages de la vallée de l’Ubaye effectué en 1763. Voici les chiffres qu’il nous donne pour Méolans, Revel et Le Laverq :
En 1763, l’Abbé Albert dispose des registres paroissiaux. On peut donc considérer que cette évaluation de la population est fiable.
Mais comment évaluer le nombre d’habitants sans aucun registre d’état civil ou paroissiaux ?
Une première approche consiste à étudier les deux registres cadastres terriers datés de 1702 qui sont parvenus jusqu’à nous pour Méolans et Revel.
En 1702, le cadastre de Méolans distingue 94 familles pour Méolans et 51 pour St Barthélémy soit 145 familles au total alors qu’en 1763 l’abbé Albert regroupe ces deux paroisses et donne 121 familles et 550 personnes.
On constate donc une baisse de population assez nette pour laquelle nous n’avons à ce stade, aucune explication.
Pour Revel le cadastre détaille 191 familles réparties sur 23 hameaux alors que l’Abbé Albert recense 165 familles qu’il regroupe dans deux quartiers.
Là aussi on constate une baisse de population.
Qu’en est-il pour le Laverq ?
Le cadastre recense 74 familles réparties sur 14 hameaux quand l’abbé Albert donne 70 familles pour 8 hameaux.
Au Laverq, la population semble assez stable au cours de ce siècle, surtout si on compare par hameau. On comprend aisément les regroupements des hameaux de l’abbé Albert d’un point de vue géographique. Par exemple, Le Duc, Les Martels, Les Sartres et les Reynauds.
En plus du nombre de famille, l’abbé Albert nous donne le nombre d’habitants pour chaque village.
Il est intéressant de constater que la densité d’habitants par foyer est plus importante à Revel qu’à Méolans et au Laverq, ce dernier ayant la plus faible densité.
Là aussi la géographie peut expliquer cela. Revel est sur un versant sud exposé au soleil alors que Méolans est exposé au nord. Quant au Laverq, au creux d’un vallon en altitude, les conditions de vie sont beaucoup plus difficiles.
Et avant 1702 ?
Les seuls documents disponibles sont les registres de notaires, tout au moins ceux qui sont parvenus jusqu’à nous.
Et là le travail est considérable.
Il faut analyser chaque acte pour déterminer dans quel hameau habite chaque personne. Au fil des actes, on peut reconstituer toutes les familles et proposer des fourchettes pour la date de naissance et la date de décès de chaque personne.
Ce travail est en cours et lorsqu’il sera suffisamment avancé il sera possible de déterminer le nombre d’habitants dans chaque hameau à une date donnée.
Pour l’heure, nous pouvons tout de même examiner quelques actes particuliers pour tenter une évaluation de la population.
Ainsi le 8 janvier 1640 la communauté de Méolans et Revel se réunit pour élire ses officiers, Baile, consuls et défenseurs. Dans cet acte le notaire écrit qu’il y a là « une grande multitude de peuple ».
148 individus sont cités dans cet acte dont 3 habitants de Barcelonnette et un de Seyne.
On a donc à minima 144 feux pour les villages de Méolans, Revel, St Barthélémy et Le Laverq.
Si on estime à 5 personnes en moyenne par foyer on obtient environ 720 personnes habitant ces villages.
Ici, tous les habitants n’étant pas présents, c’est bien sûr un nombre à minima.
Un autre acte du 22 juillet 1657 concerne l’utilisation d’un canal et une répartition de l’arrosage entre 18 personnes du hameau du Duc.
Pour cette période où le travail sur la base de données est bien avancé, nous connaissons assez finement la composition de chaque famille.
Le tableau détaille la composition de chaque famille à la date du 22 juillet 1657.
On obtient ainsi un total de 42 adultes et 53 enfants, soit 95 personnes.
(Dans la colonne « Autres » sont notés d’autres adultes susceptibles de vivre dans ce foyer : parents, frère, sœur …)
On remarquera que le nombre de foyers est assez stable sur les trois périodes évoquées :
1657 : 18 foyers
1702 : 16 foyers
1763 : 17 foyers
Le hameau du duc, situé à 1700 m d’altitude, dispose d’une exposition ensoleillée bien plus favorable que les autres hameaux du Laverq. Ce n’est pas un hasard si environ un quart des habitants du Laverq occupe ce lieu. Au-dessus du hameau il y a des terres cultivables et des pâturages. Le gros inconvénient, c’est qu’il n’y a pas de source. L’approvisionnement en eau se fait donc par un canal long de près de trois km, franchissant plusieurs ravines, nécessitant beaucoup d’entretien.
Sources :
* Abbé Albert - 1717-1804 - Sources : Bibliothèque Dauphinoise.
Bachelier en droit civil et canonique de la Faculté de Paris, et docteur en théologie, il est nommé en 1756 curé de la paroisse de Seyne dans le diocèse d'Embrun, aujourd'hui dans les Alpes de Haute-Provence. Il assure le service paroissial jusqu'en 1802.
Il est mort à Seyne le 14 août 1804.
Il est l'auteur en 1783 de "Histoire géographique, naturelle, ecclésiastique et civile du diocèse d'Embrun".
Dans la seconde partie de cet ouvrage il donne des informations sur la commune, avec un rapide historique et quelques informations statistiques : nombre de familles, de personnes pour chaque hameau. C'est ce qui a servi de base à la rédaction de cet article.