Échenillage et pâturage
Un drôle de marchandage entre l’administration des Eaux et Forêts et les communes
Les droits de pâturage dans les bois communaux soumis au régime forestier étaient toujours âprement discutés. Pour 1901 un rapport de l’inspecteur propose d’accorder les mêmes parcours à Méolans et Revel, en contrepartie d’une prestation de 40 journées de travail fournies par les communes, à savoir « 40 journées de travail pour l’échenillage dans les pineraies envahies par les chenilles processionnaires ».
On s’empresse d’accepter, une délibération est votée à l’unanimité, à Méolans pour 24 journées et à Revel pour 16 journées car la forêt est toujours en indivision, pour 7 et 5 douzièmes.
La chenille processionnaire du pin envahit les plantations, diminuant la croissance et affaiblissant les jeunes arbres, jusqu’à leur mort pour certains, en particulier lorsque la sécheresse et d’autres ravageurs sévissent. Depuis le 19ème siècle les habitants déplorent les plantations de pins noirs et réclament des mélèzes et des sapins, ils n’aiment pas les nouvelles "pineraies", mais il leur faut aussi conserver leurs droits de pacage, alors cet arrangement à peu de frais leur convient. D’autant plus que cette espèce de chenille est urticante et toxique pour les hommes et les animaux domestiques. Elle est considérée comme très nuisible.
Au 19ème siècle un scientifique avait essayé de récupérer le fil de ces cocons, en faisant tourner en rond la « procession » des chenilles dans une espèce de grand entonnoir ; mais il avait constaté que cette soie se dissout dans l’eau savonneuse, un peu gênant pour en faire du tissu…
L’échenillage était depuis longtemps obligatoire pour les propriétaires d’arbres, dans les campagnes cultivées mais pas dans les forêts, étant donné l’immensité de la tâche. L’opération n’était pas nouvelle, bien qu’encore très rudimentaire. Il s’agissait de détruire les nids en hiver, ou au début du printemps, en coupant les bouts de branches porteurs et en les brulant. Pas si simple, souvent le nid est construit sur la cime de l’arbre.
Les experts conseillaient quand même de s’équiper pour éviter tout contact avec les poils urticants de la chenille, quel pouvait être l’équipement des habitants ou ouvriers forestiers contents de gagner quelques sous en exécutant des « journées de forestation » ?
Photos du service de Restauration des Terrains en Montagne : Archives départementales des AHP