La batteuse Bottero de Barcelonnette
Quel avenir pour les anciennes machines agricoles ?
En 1909 on pouvait lire dans le journal Le Bas Alpin : «Moissonneuses-lieuses et faucheuses combinées parcourent les champs ; elles se sont singulièrement multipliées chez nous … elles sont partout où s’abattait autrefois le bataillon des moissonneurs gavots armés de la faucille…». Le battage aussi se mécanise, au 20ème siècle on abandonne les méthodes archaïques, les gros rouleaux, les vantaïres qui étaient le progrès; désormais la machine à moteur ouvre l’ère nouvelle de l’agriculture.
Les foires agricoles bas-alpines furent envahies de machines étrangères, pas toujours bien adaptées aux difficultés du terrain, mais la vallée de Barcelonnette n’était pas à la traîne du progrès technique et industriel.
Batteuse Bottero à la ferme Couttolenc au Sauze © Mme Rolande Martin , Ubaye-en-cartes
Un mécanicien hors pair, Louis Bottero, avait mis au point une batteuse mécanique spécialement adaptée aux terrains en pente. Conformément à la législation de l’époque, son brevet est déposé Sans Garantie Du Gouvernement : c’est le fameux SGDG qui fleurissait sur tous les appareils sophistiqués ou non. Mais pas besoin de garantie du gouvernement, ses machines se montraient parfaites et faisaient envie à tous les agriculteurs des environs. Il commença à les commercialiser avec ou sans moteur intégré, pendant les années trente. Elles seront bien utiles pendant la deuxième guerre mondiale, servant pour le blé, l’orge et même les lentilles. L'activité se poursuivit après guerre.
Louis Bottero, qui avait épousé à Allos une fille Caire de la Foux d’Allos, n’hésitait pas à passer le col d’Allos avec son convoi de livraison et fournir la vallée du Verdon.
Voyant une batteuse à l’œuvre sur Colmars-les-Alpes, on se décide à Allos et on mandate deux jeunes pour aller à Barcelonnette. La livraison a toutefois dû être un peu retardée car ils racontent qu’à leur arrivée l’atelier avait subi un incendie, ce qui les avait fortement impressionnés.
Que faire de ces machines ?
A l’heure du recyclage faut-il démonter pièce par pièce tout le patrimoine industriel, ou au contraire conserver quelques exemplaires pour témoigner du savoir-faire et du labeur des générations passées ? Les petits musées font ce qu’ils peuvent mais manquent toujours de place pour les grands objets. Finir en pot de fleur au milieu d’un rondpoint n’est pas toujours la bonne solution. Fêtes et reconstitutions fleurissent un peu partout mais demandent beaucoup d’investissements personnels et les volontaires se font vieux dans l’ensemble. Reste encore la solution d’une exposition sur un chemin à thème, avec un minimum de protection contre les intempéries… ou des collectionneurs passionnés qui entretiennent pour transmettre.
Alors si vous voulez bien recueillir une, voire deux batteuses Bottero , l’une avec moteur incorporé, l’autre plus ancienne sans le moteur, n’hésitez pas à téléphoner à Serge Buggin : 06 88 13 79 14 ou 04 92 83 05 14 … et l’aventure continuera.
