Slide 1
Partager cette page

La fin du péage de Méolans-Revel

Publié par Marie Christine Duval le mardi 7 mai 2024

Des milliers de péages taxaient voyageurs et marchandises circulant dans tout le royaume de France. Le terme de péage désignait à la fois la taxe à acquitter et le lieu où elle était perçue. Les zones de montagne n’échappaient pas à ce système féodal qui profitait d’une économie dynamique d’échanges entre communautés et pays frontaliers. Au début du 18ème siècle on comptait encore 11 péages de Pontis au Col de Larche situés aux lieux de passage obligé, dont un pont commun aux deux communautés de Méolans et Revel pour traverser l’Ubaye. La vallée étant directement inféodée aux Ducs de Savoie, ceux-ci avaient concédé divers droits de perception à un notable ou à des communautés villageoises ; après l’annexion de 1713, le roi de France avait entériné ces prérogatives sur vérification des titres. Au fil du temps, des portions de péages démembrés par une multitude de successions et de transactions étaient devenues des droits à part entière, alors que la contrepartie attendue, à savoir l’entretien des routes, était de plus en plus négligée.

péage 1

 Méolans et Revel percevaient encore vers 1750 quelques taxes de passage. À la suite des enquêtes royales mises en place dès 1724,  il avait pu être justifié d’un droit antérieur à 1569 ; on avait ainsi échappé à une grande vague de suppressions de certains péages, tentées par le conseil du roi dans tout le royaume pendant plusieurs décennies, mais les recettes étaient fortement diminuées. Les taxes de passage étaient réduites et concentrées sur le commerce du bétail et du bois. Terminés les péages spéciaux infligés pendant les siècles passés à certaines personnes : les juifs, les « filles de joie », ou encore les « femmes adultères » …

 Méolans délivrait le péage aux enchères, pour l’année. Il ne rapporte à la communauté que 39 livres en 1749, 36 livres et 19 sols en 1753, 60 livres en 1754 sur des budgets annuels d’environ 2000 livres… La part rémunératrice du « péager » n’est pas précisée dans nos documents, mais elle ne doit pas être attractive car il y a peu de candidats, aucun en 1746 ; le consul François Martelly feu Pierre devra ensuite s’en charger.

Revel a vendu sa part en 1727 à Maître Antoine HONNORÉ feu François et elle fut fractionnée et transmise au fil du temps. C’est ainsi qu’Antoine LEAUTIER feu Honoré, de Saint Barthélémy, en rachète une partie indivise en 1757, pour 550 livres. Dans cet acte, le notaire cite les textes et pièces justificatives du péage, ces renseignements ajoutés aux informations fournies par les délibérations nous donnent un aperçu du sujet.

Méolans mandate plusieurs fois des représentants pour défendre son droit. Mais le détail nous manque, notamment ce qu’on appelait une « pancarte » du péage. La pancarte désignait à la fois un écriteau sur lequel étaient indiqués les tarifs, obligatoirement planté sur le lieu, et le tarif proprement dit. De plus amples précisions sont à rechercher dans les archives du Parlement de Provence... 

Antoine LEAUTIER a signé l’acte d’achat du péage le 1er mai 1757 avec Jean Baptiste HONNORÉ feu Jean Baptiste, de la Combe de Revel. Il peut régler en espèces, pas de crédit. Le 30 avril 1758 il est expliqué au conseil de communauté de Méolans que le péage du lieu a été supprimé par ordre du roi…

Antoine LEAUTIER n’a pas fait un bon investissement, c’est sûr !

Mais il n’a pas perdu son capital. Heureusement l’acte comportait une clause de restitution du prix « en cas que le droit de péage fut otté par la communauté ou par le Roy ».

Antoine LEAUTIER était en effet une personne informée de la vie du pays et des politiques du royaume. Il est dit « négociant ». Plusieurs fois nommé trésorier de Méolans, consul et même baile (juge local), il fût souvent délégué au nom de la commune, localement et même jusqu’au Parlement d’Aix en Provence. Il ne devait pas ignorer les contestations de péage soulevées dans tout le royaume. Décédé en 1779, il n’aura pas connu leur abrogation à la Révolution.

FRAD005 F 03413-1649
Archives Départementales des Hautes Alpes F03413-1649 Vallée de l'Ubaye. Le chemin royal changeait de rive au pont de Méolans-Revel

Sources : Archives Départementales des Alpes de Haute Provence cote 2 E 12185 folios 88, 185 et suivants ( actes de notaire, photos consultables sur notre site). Un grand merci à Alain Jaubert qui analyse et transcrit les registres des notaires de Méolans.

Généalogie : Antoine Léautier feu Honoré, de Saint Barthélémy (Méolans), époux de Rose Gilly. En 1777 il avait été père de 15 enfants, dont 10 encore vivants. Il a donc une nombreuse descendance. A voir ou revoir un article sur son père : Honoré LEAUTIER choisi soldat - Laverq.net

Jean Baptiste HONNORÉ feu Jean Baptiste a plusieurs homonymes. C’est un ménager du hameau de la Combe (Revel) qui compte au 18ème siècle 3 familles HONNORÉ. Les registres manquants de Revel ne permettent pas de l’identifier avec certitude.

 

  

Partager cette page

Abonnez-vous au suivi de publications

Recevez chaque semaine par email un récapitulatif des dernières publications de notre site internet en vous abonnant à notre suivi de publications.
Aucun spam & désinscription à tout moment !