La sauvegarde des noms de lieux-dits
La toponymie ou science des noms de lieux, se perd avec les utilisations surtout agricoles de nos territoires. Avant chaque paysan nommait les quartiers et c'est ainsi qu'il échangeait avec ses voisins et définissait les limites de ses parcelles. Souvent ces noms de lieux faisaient appel à des usages, des noms de famille, des éléments particuliers du paysage ...
Les anciens et ceux qui parcourent nos montagnes, en ont encore le souvenir et il est urgent d'essayer de conserver cette connaissance du pays, pour pouvoir en parler aux jeunes générations.
La lecture des vieux registres communaux permet de découvrir des noms de lieux-dits qui n'apparaissent plus sur les cartes actuelles. Seule la mémoire de nos anciens peut nous permettre de les situer sur une carte.
C'est ce que nous avons tenté de faire le 25 octobre dernier en réunissant à la mairie une petite équipe de passionnés.
Cette journée a permis de situer nombre de lieux sur les cartes du cadastre actuel ainsi que sur le cadastre napoléonien.
Un autre registre beaucoup plus ancien nous donne énormément d'informations sur les noms de lieux.
Ce "registre terrier" d'un millier de pages, datant de 1702 est conservé aux archives départementales. Il recense tous les habitants des quartiers de Méolans, St Barthélémy et le Laverq et décrit pour chacun d'eux les maisons et terres qu'ils possèdent. Il n'existait pas à l'époque de cadastre sous forme de carte.
Grâce à l'énorme travail de Sandrine Kuzma, nous avons désormais une transcription complète de ce registre.
Sandrine a ses ancêtres au Chastel et a fait le déplacement de Besançon spécialement pour cette journée. Un grand merci à elle.
En 1702, Méolans et l'Ubaye appartiennent au Duc de Savoie et dépendent du comté de Nice. C'est donc Victor Amédée II qui commande la rédaction de ce registre en vue de la collecte des impôts.
Voici un exemple d'un lot appartenant à Daniel TRON feu Esprit au quartier de Peinier.
La terre appelée "A quo de Jeanon" est décrite par rapport à ses voisins ou confronts.
Plus au dit quartier une terre
appellée à quo de Jeanon, confe (confronte)
de levant, et septentrion le chemin
couchant Jean Clariond, midy le
commun, contenant deux cestoi-
rées, quatre mouturaux et demy,
vallent vingt cinaq livers, et quatre
sols, font trois florins et six sols
La surface de cette terre est donc de deux cestoirées et quatre mouturaux et demi, mesure niçoise de l'époque, est estimée à vingt livres et quatre sols et l'impôt sera de trois florins et six sols.
Une étude plus avancée de ce registre permettra de recenser approximativement le nombre d'habitants des villages, leur lieu d'habitation et leur niveau de vie.
Dans les mois qui viennent, nous intégrerons toutes ces informations dans la base de données. Vous pourrez ainsi faire le lien avec vos ancêtres et leurs propriétés.
Devant le succès de cette journée très studieuse, nous envisageons de nous retrouver à nouveau au printemps. Si vous souhaitez participer à ce projet nous vous invitons à nous contacter afin que nous puissions vous avertir lorsque la date sera fixée.