La vie de Suzanne MILLES
Suzanne MILLES, la mère d’André MILLES marié aux Agneliers, est née le 3 Aout 1701.
Elle est le premier et unique enfant de Joseph MILLES fils de Jean Antoine et d’Anne Marie HERMELIN fille de Jean, mariés depuis un an seulement. Sa mère décède peu après et son père se remarie avec Marie REYNAUD, le 13 Juillet1702 ils signent un contrat de mariage. Suzanne aura huit demi-frères et demi-sœurs.
Nous retrouvons Suzanne à partir de 1721 à l’occasion du testament de son père, puis dans les années qui suivent pour le règlement de la succession. En résumé, elle ne reçoit pas tout son petit capital mais une parcelle de terre lui est donnée en contrepartie.
Le 14 octobre 1725 elle se lie par contrat de mariage à Antoine MILLES fils de Joseph et de Marguerite HERMELIN. Sa dot provient de celle de sa mère, avec en plus des effets qu’elle a acheté avec son épargne personnelle, « du temps où elle était séparée de la maison de son père qui ne lui fournissait pas de meubles » on devine une jeunesse laborieuse.
De cette union naissent quatre enfants de 1727 à 1731, André, Marie, Jean Baptiste et Anne Marie. Hélas du 24 Novembre au 10 Décembre 1732 Antoine MILLES est retenu dans son lit de maladie, infirmité et faiblesse l’empêchent de signer son testament. On apprend que le couple n’a plus que 3 enfants : le petit Jean Baptiste n’a pas dû vivre très longtemps. Le notaire est venu pour le testament, mais pas uniquement. Des dettes pèsent sur l’héritage d’Antoine, des dettes très très anciennes : 1674 !... Il faut relire plusieurs fois…1674 soit 58 ans auparavant. Pas de doute le notaire cite « grand père notaire », le sien en l’occurrence, c’est donc à lui que l’on doit de l’argent, en vertu d’un acte chez Maître Blanqui (dont les registres ne nous sont pas parvenus). Il cite aussi les aïeux Daniel et Spirit MILLES, la mère des aïeux Marie HERMELIN (femme de Pierre)…il calcule les intérêts, le total dû … rajoute la dot de Suzanne gagée chez lui.
Alors les cousins achètent une grange et une écurie imbriquée entre deux maisons du hameau des Vieils, il faudra même ouvrir une porte pour un nouvel accès. Suzanne s’engage elle aussi, avec un crédit à 4% l’an, et reçoit une partie de bâtiment avec maison, grange, écurie, souste, jardin, quelques parcelles, bestiaux et meubles.
Suzanne est veuve à 31 ans. Alors se présente Antoine HERMELIN jeune homme de 25 ans, surnommé Ginquin (peut-être parce qu’il est né un peu plus bas à Méolans aux Jinquins ?) Il habite au Duc. Depuis tout jeune il est orphelin de Joseph HERMELIN et de Jeanne AMAVET et a eu tuteurs et curateurs…qui avaient été dans l’obligation de vendre son héritage…Il n’est pas riche donc ! Le 4 Aout 1733 le notaire rédige leur contrat de mariage.
Le couple va vivre au hameau des Vieils, « chez » Suzanne, avec un petit troupeau énuméré par le notaire. Pas de quoi les accuser de surpâturage ou déforestation ….En 5 ans de vie commune naîtront 3 enfants HERMELIN, Valentin, Jeanne et un nouveau petit Jean Baptiste.
Le 9 Décembre 1738, Antoine HERMELIN décède à 30 ans. La veille il avait pu faire un testament. Une clause particulière attire tout de suite l’attention : il nomme Suzanne tutrice de leurs enfants et ajoute même avec interdiction aux consuls de s’ingérer dans ses affaires !
Ainsi Suzanne se trouve libre, du moins pour ses enfants HERMELIN, et pour son petit patrimoine aussi puisque l’époux était seigneur et maître de la dot et procureur irrévocable de son épouse. Au fil du registre de notaire qui nous est parvenu, se succèdent des actes de ventes, d’échanges, transactions qui témoignent de la difficulté de vivre à cette époque. Il ne suffit pas d’avoir une grange, encore faut-il pouvoir la remplir pour l’hiver.
Le petit Jean Baptiste HERMELIN apprendra à écrire, et non l’ainé André MILLES qui devait avoir des choses plus indispensables à faire pour sa famille. Plus tard André ratifiera quand même les ventes faites par ses tuteurs, déclarant qu’elles avaient été faites à son profit… au prix de l’époque, disent les acheteurs.
Suzanne ne se remarie plus, elle va vivre avec ses enfants, à côté des cousins dans le petit hameau, enterrer son fils Valentin… vivre bien des difficultés, jusqu’à sa mort le 15 juin 1756. Décès soudain a écrit Mr le curé qui n’a pas pu être appelé pour les sacrements. On l’inhume le 19, quatre jours après son décès, long délai contraire aux coutumes de l’époque, peut être des circonstances dramatiques ?