Laverq, Il y a 60 ans et plus… et moins
Dans ma famille, on a gardé longtemps un attachement, pour ne pas dire un amour, mi nostalgique - mi souriant, pour le Laverq. L’Histoire n’y était pas pour rien puisque cette vallée avait accueilli et protégé ma famille poursuivie par les allemands entre septembre 1943 et juillet 1944. Elle lui avait offert un refuge sûr, des amitiés durables et un magnifique terrain d’aventures pour les montagnards qu’ils étaient. Claude Lippmann, mon père, a tenu un carnet de leurs randonnées pendant l’hiver et le printemps 1943-1944. Il y détaille l’état de la neige et les parcours suivis, qui est allé jusqu’au bout, qui a « craqué ».
Mes parents, leurs enfants, leurs amis, y sont donc revenus souvent. Le chemin le plus simple était de passer par les crêtes. Et quoi de plus beau, en hiver, que de se laisser ensuite glisser dans les grands vallons couverts de neige jusqu’à Plan-bas ou à l’Abbaye ? Nous sommes même une fois passés par le col des Thuiles, puis les arêtes de la Petite Séolane avec les skis sur le dos. Une aventure…
Nous avons dormi chez Faustin Collomb qui nous accueillait gentiment, nous servait un souper modeste et nous faisait dormir à l’étage. En ce temps-là il « faisait » encore cabine téléphonique. Il a posé avec ses deux sœurs un matin où nous sommes repartis. On le reconnait derrière avec son béret et sa moustache. Ils ont dû se donner du mal pour accueillir le groupe nombreux que nous étions, en 1962 ? 1963 ?
Mais aussi parfois dormi dans la cabane de Plan-Bas, sommaire mais plus proche du chenin du retour. Le châlit en bois avec la paille et la cheminée offraient un confort sommaire, mais en randonnée il ne faut pas trop en demander. Et la chaleur humaine suffit le plus souvent pour ne pas avoir froid.
L’été aussi s’est prêté à de belles balades, l’Estrop, le vallon La Pierre parcourus et campés souvent. Et les Eaux-Tortes encore vides de tourisme : le bain matinal dans l’eau glacée a laissé des souvenirs très frais.
Oui, le Laverq par toutes saisons, à pied ou à ski, ce fut, c’est encore un paradis !
Photos collection privée © Mireille Provansal