Le chemin aérien de Marin Pascal sur le Col d'Allos
Passer le col d’Allos à pied était une pénible expédition pour les voyageurs d’autrefois, qui empruntaient ce passage montagneux à toute saison. Au 20ème siècle fut ouverte la Route des Alpes, véritable prouesse technique de l’époque, une nouvelle ère pour les transports, mais qui demande encore beaucoup de labeur. Et depuis plus d’un demi-siècle, piétons et skieurs peuvent s’élever sans effort vers le col, en quelques minutes calmes et contemplatives, bercés par le cliquetis du télésiège « Marin Pascal ».



Ce télésiège porte le nom de « Marin Pascal » en hommage à un Allossard apprécié de tous, qui a œuvré pendant trois décennies au service de ces concitoyens. Marin Pascal était le cantonnier chargé de l’ouverture et du bon état de la route du village de la Foux d’Allos et du versant sud du col qui mène à Barcelonnette, depuis les années 30 jusqu’en 1963. Symbole de courage et de résilience face aux caprices de la météo et de la montagne, cet homme laborieux a permis aux habitants une activité constante, dans toutes les conditions de circulation.

Après un premier métier de caviste dans les hôtels de luxe de la côte, Marin revient à Allos. Il a fondé une famille, il lui faut trouver un travail. Commune et Ponts et Chaussées embauchent pour les chemins, mais ce n’est pas tout le monde qui tient le coup à plein temps dans cette fonction.
A ses débuts Marin passait l’été dans la maison cantonnière de la Foux d’Allos au bas du vallon de la Sestrière. Pelle, pioche, brouette sur des kilomètres, par tous les temps, ce n’était pas une mince affaire.

Au bout de son canton, le « Refuge » au sommet du col était aussi une maison cantonnière pouvant l’héberger. Le tourisme d’hiver n’en n’était qu’à ses prémices, la station n’existait pas encore, en revanche il fallait ouvrir la route à La Foux-Village en toute saison. Les habitants s’étaient reconvertis dans le commerce du lait de vache, tous les matins les bidons devaient être acheminés vers la coopérative d’Allos. Marin passait donc l’hiver dans ce hameau, et ouvrait la route aux premiers camions. Un service régulier d’autobus exigeait aussi des interventions pénibles en été.

Au fil des ans il fut doté de matériel nouveau : une super fraise « Peter », qui avançait péniblement et très lentement…

Dès les années 1950, Marin a vu la station se structurer, puis la maison cantonnière disparaître pour laisser place aux remontées mécaniques.
Résolument moderne il avait adopté la moto pour se ravitailler ou rejoindre sa famille. Et quand tout le monde saluait amicalement « Marin », nous les enfants on ne comprenait pas pourquoi « marin », si loin de la mer, peut-être un ancien de la marine ? On croyait que c'était son surnom…
Son travail a évolué en même temps que les progrès techniques et la société, mais son labeur n’a pas diminué, la station en plein aménagement a nécessité de plus en plus de travail.


A gauche on reconnait le premier téléski de la station , l'aiguille.
Marin Pascal s’éteint en 1963, à 59 ans, en plein travail au bord du ravin de la Foux-Village, terrassé par une crise cardiaque. L’hiver avait été rude, le printemps tardait, Marin n’aura pas eu de « retraite bien méritée »… Profondément attristés, ses concitoyens désiraient lui rendre hommage. Ils ont choisi de donner son nom à la dernière nouveauté technique de l’époque : un chemin aérien ! C’était une très bonne idée, ainsi depuis une soixantaine d’années on voyage assis sur le télésiège « Marin Pascal » au-dessus de la route que Marin entretenait si vaillamment. A diverses reprises ce télésiège a été modernisé, rallongé, décalé, mais n’a pas changé de nom. D’ailleurs c’est un très joli nom, original mais facile à mémoriser. Certains vous dirons que, pour eux, c’est aussi le nom donné au ravin qui lui a donné tant de travail, mais ça ce n’est pas écrit sur les cartes, c'est entre-soi...

Marin Marius Pascal était né à la Foux d’Allos le 14/09/1903, il y est décédé le 1/04/1963. Il était le fils de François Angelin Pascal et de Marie Elisa Pellissier. Marié en 1931 avec Regina Pascalis, d’Allos elle aussi, il ont eu 3 enfants.

La jeunesse de Marin : un monde qui change, à l’image de sa carrière. Le voici jeune cavalier au service militaire alors qu’en 1939/40 il fut affecté à la défense anti-aérienne près de Lyon !
Nous remercions sa famille pour les photos, sa petite fille Muriel, ainsi que les habitants de La Foux pour leur active participation, et plus particulièrement Pierre Bianco à l’origine de cette publication.