Le col d'Allos n'ouvrira pas pour l'été 2024

La route du col d’Allos qui relie le Haut-Verdon à la vallée de l’Ubaye a été fortement endommagée à la suite d’intempéries, elle restera fermée pour permettre les travaux de sécurisation. Ses habitués en sont tous désolés, chaque année l’ouverture du col est attendue avec impatience pour des retrouvailles de part et d’autre des montagnes et de belles escapades.

C’est l’occasion d’évoquer une petite page méconnue de l’histoire de cette route,
avant son inauguration en 1891 sur le tracé qu’on lui connait aujourd’hui.

 Il n’y avait toujours eu entre Barcelonnette et Allos qu’un chemin de 2 mètres de large au maximum, que les militaires avaient même condamné en 1857 à rester muletier, de peur des invasions ennemies. De chemin impérial il devient « route départementale numéro 10 » , reliant Barcelonnette à Castellane. Ce n’est qu’en 1883 qu’il deviendra une nationale, les militaires ayant changé de tactique : il fallait relier les garnisons de Tournoux à celles d’Antibes.

La mise en œuvre de tous les grands chantiers routiers du 19ème siècle n’a pas été simple, tout le monde voulait la route à sa porte. C’est ainsi qu’en 1867 la commune de Méolans réclamait le classement de ses sentiers du Laverq à Allos en « chemins de grande communication ».

Le maire, Hyacinthe Frédéric Vinatier argumentait sa demande. Il lui semblait particulièrement avantageux de faire communiquer plus directement les arrondissements de Gap et Embrun avec Castellane, en passant par sa commune, depuis le Martinet, en remontant le vallon du Laverq :

« Je crois même que le département aurait intérêt à changer la direction de la route départementale n°10 en la faisant passer par le vallon du Laverq au lieu de la faire passer par la vallée du Bachelard . La distance à parcourir ne serait pas plus longue et d’un meilleur entretien, on éviterait les rampes ardues de la descente et la remontée de Morjuan à La Malune et de La Malune à Uvernet. »

La commune fait une demande officielle adressée au Conseil Général , et s’engage à offrir les terrains communaux nécessaires.

Que devient le beau projet de Mr Vinatier ?
A l’ouverture de la séance du conseil Général le Préfet déclare : « Beaucoup de localités ont demandé le classement de nouveaux chemins de grande communication ou d’intérêt commun qui augmenteraient de 290 kilomètres 460 mètres la longueur du réseau actuel. Il sera impossible de donner suite à la majeure partie de ces vœux. Des études vont être faites dans ce sens et M. l’agent-voyer en chef va être invité à préparer un travail complet et raisonné avant l’époque de votre session de 1868… »

Les chemins de Méolans ne seront pas retenus dans la liste des priorités, pas plus que les arguments du maire pour un nouveau tracé du Col d’Allos… mais le tracé « moderne » a quand même évité Morjuan – La Malune en passant plus haut par le hameau des Agneliers. Mr Vinatier avait raison de s’inquiéter !