Le Laverq en fête
J'étais partie avec en tête ces mots de Gilles Baudry ( Un silence de verdure )
" Ne veuille rien.
Laisse venir
à toi l'épiphanie du monde "
Mille petits détails entravant le pas en l'ordinaire des tâches domestiques que la joie paisible du cœur absorbe un à un... jusqu'à cet instant magique où s'annonce un clocher en son écrin de verdure et ce sourire à ma rencontre invitant au partage des yeux et du cœur sous le chapiteau " Lav' Art ".
Combien de petites mains soucieuses du détail ont rendu grâce à la beauté cheminant en leur cœur par la confection de ces objets d'art à la mémoire fidèle, à l'éclat chaleureux vendus au profit de la restauration de la chapelle des Clarionds... L'appel est si doux, comme une main tendue à l'élan solidaire, le seul qui porte haut et loin en la sente du cœur.
Combien fut forte aussi cette rencontre d'un visage rayonnant en ses talents de conteur, mémoire vive de nos anciens, en l'émoi où chante l'envie d'entrer en résonance à travers la plume sur le site du Laverq pour ce Meilleur à venir.
Il faut dire que les lieux invitaient au partage du cœur.
Un paysage tout juste lavé par la pluie de la veille, éclaboussé de soleil, de couleurs et de chants d'oiseaux.
Peu de monde à l'heure tardive où je suis arrivée, juste peut être les plus passionnés, les plus anciens, les plus attentifs au bruissement de la vie dans les feuilles.
Des photos dansaient de mains en mains dans l'élan de dire le vibrant spectacle de la nature... coucher de soleil, lever d'aube, animaux dans leur élan, fleurs.. beaucoup de fleurs et leurs insectes butineurs.. aucun visage humain.
L'humain c'était ce qui circulait dans les regards et la chaleur des voix comme un prière en cette grâce offerte en partage.
La montagne faisait tomber une à une toutes les qualités et les principes.. de tous bords, de tous âges, nous étions tous Princes du Regard qui se penche incrédule et confiant sur la vie pauvre, la vie simple.. en sa somptueuse audace, celle qui lave toutes les peines, donne aux joues une couleur poignante entre l'ambre et le rosé et au yeux un éclat particulier, lumière du dedans au brasier ranimé par l'air vif des hauteurs.
Chacun en son pas m'a semblé peiner à quitter la magie de cette rencontre, un semblant de volition de départ puis un nouvel arrêt, une nouvelle urgence d'entrer en communion..avec tout et rien, le moindre geste, le moindre mot, une soif de vivant. Parfois tout un groupe semblant fort affairé à discuter d'un sujet important s'ouvrait comme une grande porte sur un passant anonyme happé par la chaleur du partage et tel une ruche reprenait le butinage du temps arrêté au coin d'un sourire.
En passant près de l'un d'eux, un signe en guise d’au revoir à quelques visages connu, a provoqué l'éclat soudain d'une nuée de cœurs ardents m'accompagnant du regard comme une mère veille son enfant. C'est du moins ainsi que je l'ai reçu.
J'avais dans ma poche ,comme cailloux du Petit Poucet, un petit livre qui conte une une chose grave et légère : " ce rien qui nous éclaire* " et il s'est ouvert.. il s'est ouvert autant de fois que le vent de l'esprit a tourné les pages au soleil du cœur.
*Jean Lavoué