Slide 1
Partager cette page

Le violon de Baptistin

Publié par Lise Garnier le mardi 17 septembre 2024

Il est si doux de suivre le son de la vielle, il vient de réveiller dans ma mémoire l’histoire d’un violon..

Jean-Baptiste Gilly, dit Baptistin ( 1874-1946 ) meunier-scieur natif du Pont de Baud était habité par le chant.
Il chantait en se rasant le matin, sifflait en travaillant, se rendait au théâtre ou à l’opéra de Nice une fois par an, prenait grand soin d’un antique phonographe et de son violon.

Le violon de Baptistin

Cinquième d’une fratrie de 11 enfants, il avait grandi sous le feu de la forge d’un grand-père et d’un père maréchal ferrant, dans une famille où les enfants découvraient la vie dans l’amour des leurs, simplement.

En des temps où la distinction entre les « rouges » et les « blancs » était encore marquée même au sein des plus petits villages, il avait choisi le sentier de traverse qui le conduisait du banc des chantres au comptoir du bar avec le plus grand naturel.

A la question qui ne manquait pas de se poser de cette double appartenance il répondait d’un haussement d’épaules avec un grand sourire : « Mon pauvre, j’aime le chant et le vin et je n’ai jamais pu me décider à choisir car ils vont bien ensembles, si bien que je n’ai plus de couleur »

Du coté des « blancs » sa présence dans le cœur de l’église, sa proximité du prête, son assiduité aux célébrations, l’amplitude de sa voix imposait respect à tous les bons paroissiens qui faisaient semblant de ne voir que cette face du personnage. Car il était tout entier emporté par le chant du sacré qui le traversait et l’accompagnait dans l’ordinaire du jour, bien au delà de l’église.

Du côté des «rouges » il était celui qui menait le bal aux accents de son violon, animait la conversation et plaisantait avec entrain en veillant à ne laisser personne à l’écart, celui à qui on pouvait confier peines et joies sans vergogne. Car il était tout entier emporté par le chant de l’amitié qui le traversait et l’accompagnait dans l’ordinaire du jour, bien au delà du café.

Le ciel et la terre s’étaient unis en lui de si belle manière qu’il devinait les secousses sismiques, le proche départ d’un ami et fut exhaussé dans les moindres détails suivant son désir de « quitter la vie en lisant son journal ».

Il eut une vie de pauvre sans aucune privation, une vie de riche sans aucun luxe, par l’art de célébrer la Joie sous toutes ses formes.

Le temps a passé mais la chaleur de sa présence ne ternit pas pour ceux qui l’ont croisé.

Un soir d’hiver descendant des Clarionds à la nuit tombée, après avoir animé une fête aux airs de son violon, la route verglacée sonna la fin du bel accord de l’instrument.
Glissant dans les ornières laissées par la trace faite alors à l’aide de rondins de bois tirés par les chevaux, il eut beau tenter de préserver son violon à chaque chute mais le retrouva bien abîmé.

Beaucoup de patience, un peu de colle lui redonnèrent une forme acceptable mais le son fut à jamais différent à sa grande peine.

Il reste aujourd’hui témoin d’un homme, de son sourire et d’une époque.

Baptistin GILLY 1940
Jean Baptiste Marcelin GILLY dit Baptistin en 1940

Baptistin est né le 16 avril 1874 au Pont de Baud,
fils de Joseph Dominique et de Marie Rose Bérénice CLARIOND

Il s'est marié le 25 septembre 1912 à Méolans avec Emilie Octavie GILLY
Ce mariage est ici dans la base de données :
https://www.laverq.net/genealogie/actes/mariage-entre-jean-baptiste-marcelin-gilly-avec-emilie-octavie-gilly
Ils ont eu trois enfants dont Léa et Domnin cités dans l'article "La vielle du Laverq"

Il est décédé le 27 août 1946 à Méolans

Photos : Lise

Partager cette page

Abonnez-vous au suivi de publications

Recevez chaque semaine par email un récapitulatif des dernières publications de notre site internet en vous abonnant à notre suivi de publications.
Aucun spam & désinscription à tout moment !