Les pâtres communaux
Au 19ème siècle la commune de Méolans a embauché des « pâtres communaux ».
Chaque année le maire disait à son conseil :
« Vous voudrez bien nommer des pâtres communaux pour conduire les troupeaux qui pacagent en été dans les biens communaux. Je vous engage Messieurs à procéder à cette nomination et à faire choix d’individus dont la conduite et la moralité ne laissent rien à désirer… ». Il fallait des hommes intelligents, compétents, et irréprochables… (comme les bergers de nos jours …)
La responsabilité de la commune était en jeu
Le but de cet emploi municipal n’était pas de décharger les habitants de la garde de leur troupeau, car ceux-ci devaient toujours s’occuper de leurs bêtes, mais de veiller au respect de sévères interdits : quota de bétail, interdictions de regroupements, et surtout défense absolue de pacage dans certaines zones. Le code forestier de 1827 avait bouleversé les règles communautaires qui prévalaient pour l’exploitation des biens communaux et les amendes pour infraction pleuvaient lourdement, aussi bien sur les individus contrevenants que sur les communes, responsables de la conduite des pâtres communaux.
Cinq ou six hommes dignes de confiance se répartissaient chaque année, par secteur, la responsabilité de conduire les troupeaux conformément aux règlements de l’administration forestière. On constate que ces pâtres communaux étaient le plus souvent des jeunes hommes, il s’agissait pour certains d’un emploi d’été, ils ne restaient pas bergers professionnels toute leur vie. Ainsi pour le Laverq les frères Hilaire et Nicolas Reynaud ont assumé la fonction plusieurs étés pendant leur jeunesse.
Le plus jeune embauché a été Bernard Leautier, à 14 ans, en 1854. Il devait être bien dégourdi. Julien Gilly a veillé plusieurs saisons sur le quartier de Saint Barthélémy, avec Paul Juramy. Aux Clarionds et à Peynier on pouvait compter sur Jean Baptiste Clariond. De l’autre côté veillaient Jean Laurent Blanc des Besses et son petit-fils Jean Joseph.
Les troupeaux des habitants étaient limités à 100 bêtes, avec interdiction de se regrouper, d’où la nécessité de bergers capables de les répartir. A noter que la grande montagne pastorale de la Blanche n’était pas concernée par le régime forestier des biens communaux, puisque privée et louée aux transhumants.
Pas simple de pâturer dans les communaux, les zones étaient très règlementées, définies unilatéralement par l’administration forestière. Chaque année le conseil municipal tentait de faire fléchir l’administration pour obtenir quelques permissions de plus. On a supplié en vain l’autorisation d’avoir une chèvre par famille pour donner du lait aux enfants, plus tard même supplique pour quelques vaches. Chaque parcelle est examinée dans ses plus petits recoins et le maire présente de beaux tableaux récapitulatifs des pâturages possibles, dans le but de convaincre les « Eaux et Forêts » et le préfet, en vain.
Plus assez de pâturages pour vivre de l’élevage, restriction drastique des coupes de bois… il ne restait plus qu’à partir. C’est ce que beaucoup ont fait.