Quand Bernard TRON a eu besoin de son bois
Quelques années après son mariage le jeune Bernard Tron était très entreprenant et voulait investir dans l’avenir. Il avait besoin de chaux, de bois pour alimenter un four à chaux et pour construire. Il habitait au hameau du Duc, au-dessus de l’Abbaye mais voulait installer le four plus bas, au Pied des Prads. Le bois ne lui manquait pas, il en avait sur son terrain du « Fanguet » au-dessus des Reynauds. Mais il ne suffisait pas d’avoir du bois, il fallait obtenir des autorisations, et pour cela réussir un long parcours administratif semé de tracas.
La construction des fours à chaux était strictement encadrée et soumise à autorisation préfectorale. Autre difficulté supplémentaire, la propriété de Bernard Tron se trouvait enclavée dans la forêt communale indivis de Méolans et Revel soumise au code forestier, appelée Défends des Reynauds. Pour faire la « vidange » de sa coupe il devait traverser cette forêt sur 250 mètres, or il était formellement interdit d’y traîner son bois, on aurait pu y faire des dégâts ou voler des arbres au passage. Il lui fallait obtenir une autorisation spéciale pour le transport du bois, qui n’était accordée qu’après avis favorable de l’administration forestière.
De sa plus belle plume, il écrit à la sous-préfecture, sur papier timbré. C’est une belle lettre bien concise, même s’il omet de dater ; sa demande sera donc datée du 20 novembre 1897 par les eaux et forêt, jour de son examen.
Bernard Tron avait sélectionné et coupé 15 mélèzes, qui attendaient sur son terrain. Il obtient d’abord un avis favorable de l’inspecteur des forêts pour la vidange de sa coupe puisqu’elle peut se faire par un couloir rocheux, mais il devra respecter les conditions suivantes :
«1er_ 4 jours au moins avant de commencer la vidange des 15 mélèzes abattus, Mr Tron préviendra le garde forestier local, qui reconnaitra ces bois contradictoirement avec le propriétaire, et les frappera de son marteau.
2è_ la traine des dits bois dans le couloir de Défends des Reynauds aura ensuite lieu sous la surveillance du même préposé et ne devra pas durer plus de 15 jours consécutifs.
3è_à leur arrivée au bas du couloir, les 15 mélèzes seront reconnus, comme avant d’y être lancés, par Mr Tron et le garde local. »
Restait encore à obtenir une autorisation pour le four. Le conseil municipal de Méolans a voté un avis favorable le 24 février 1898, et celui de Revel (à cause de l’indivision), a délibéré le 20 mars 1898.
Enfin le 19 avril 1898 un arrêté d’autorisation est transmis au conservateur des forêts et au sous-préfet de Barcelonnette. Il était temps pour Bernard de récupérer son bois et de démarrer les travaux après 5 mois d’attente, heureusement en hiver.
Quelques renseignements : il s’agit de TRON Etienne "Bernard", fils de Etienne Henri et de Delphine Florine Reynaud. Il a épousé Marie Blandine Reynaud le 29/11/1894.
source : AD04 cote 7M256