Randonnée vers les Séolanes
Un beau mois d’août vers 1970 j’étais en vacances comme chaque année au Lauzet. Parmi les estivants qui sévissaient depuis des années dans le village, produisant entre autres des films souvenirs qu’ils montraient ensuite l’hiver aux habitants du Lauzet. Parmi eux donc, ces randonneurs passionnés qui se baignaient dans les lacs glacés, se trouvait celui qui était où allait devenir mon beau père. Il décida un jour de m’emmener avec eux faire la grande Séolane.
J’étais ravie mais assez peu équipée, une paire de pataugas un pull-over et peut être même pas de sac à dos.
Quoiqu’il en soit, debout à cinq heures du matin pour aller au four du village acheter ces pains fendus qui sentaient si bon, et nous voilà partis. Bien sûr il y a quelques nuages mais cela n’inquiète personne. La montée par les Besses est assez longue vous connaissez ce parcours.
Nous grimpons sous un ciel qui s’assombrit de minutes en minutes. Aucun ne pense à renoncer, moi je suis le mouvement ne connaissant rien à la randonnée.
Et tout à coup nous voilà au sommet. Un de nos amis qui connaît bien ce superbe paysage nous fait découvrir le panorama.
Je le cite: « en bas l’abbaye du Laverq, par là la petite Séolane, au loin les trois Évêchés, derrière nous la vallée de l’Ubaye… et maintenant on descend en courant car l’orage arrive. »
Effectivement dans un bruit de tonnerre et au milieu des éclairs nous nous retrouvons trempés en quelques minutes. Heureusement sur notre chemin une cabane de berger en ruine nous offre un peu d’abri. Mon beau père trouve de la paille qu’il me fait bourrer sous mon tee-shirt ruisselant pour me réchauffer un peu.
Tout en riant les voila qui sortent le pique nique, la flasque de pastis et l’un d’eux tend son verre à l’extérieur pour diluer le dit pastis au bord du reste de toit. « Eh! Dites il y a un gars qui arrive avec un parapluie » bien sûr s’ensuivent rires et remarques sur sa santé mentale.
Puis le parapluie se rapproche et nous voyons arriver le berger du lieu qui nous ayant vus nous réfugier là est venu nous chercher. « Vous avez vu l’état de la cabane ? Elle est frappée régulièrement par la foudre, il ne faut pas rester là! Je vous emmène chez moi ».
Nous avons alors passé avec lui et sa femme un moment de partage qu’on ne peut oublier même si les détails manquent un peu avec le temps. J’ai le souvenir de cette baraque basse et presque enterrée envahie par la fumée. Le reste de la journée ? Je ne sais plus, cela n’avait plus d’intérêt.
Voilà comment sont les bergers de cette belle vallée. Des hommes et des femmes accueillants et chaleureux.