Retour vers le berceau de la famille
Chaque 15 août, une douce mélodie résonne dans nos cœurs, celle de la fête patronale, véritable célébration des racines et des souvenirs. Pour mon frère, nos familles, nos cousins et moi-même, cet événement est bien plus qu'une simple réunion ; il incarne un pèlerinage, un retour à la source originelle, où l’âme se pare d’un voile de mémoire et de tendresse. Pourtant, l'appel du lointain me retient parfois loin de ces retrouvailles, car l’été, avec son cortège d'expositions, m’emporte souvent sur des chemins où l’art et la subsistance se mêlent, m’éloignant de ces instants sacrés.
Cette année, après la messe, malgré l'absence de faste, c'est autour d'une table simple et généreuse que nous avons renoué avec l'essence même de notre héritage. Emmanuelle, l'âme chaleureuse du gîte du Laverq, a su transformer ce repas en un moment de grâce, mêlant avec délicatesse la simplicité des plats à la beauté du partage. Avant de nous attabler, sous un marabout dressé pour l’occasion, nous avons trinqué entre cousins, et amis, tandis que les échos lointains du passé flottaient dans l’air, comme suspendus dans le temps.
Il est une tradition qui ne fléchit jamais, celle d’honorer nos ancêtres, gardiens silencieux du cimetière familial. Chaque pas sur ce chemin de mémoire est une révérence à ceux qui ont semé avant nous, dont les racines continuent de nourrir notre arbre commun.
C’est un moment de communion, où l’on effleure l’éternité en redonnant vie aux souvenirs d’enfance : les framboises cueillies à flanc de montagne, là où la roche s'effondre, les trésors rouges des rocailles gravés à jamais dans nos cœurs.
Les doux parfums de ces jours anciens s’éveillent encore lorsque nous évoquons les repas de famille. Ma grand-mère, reine des fourneaux, guidée par les mains expertes de ma tante Mireille et de notre grande tante Tati Suzanne, façonnait avec amour de petits macarons italiens, œuvres d’art miniatures pas plus gros que des petits poids aussi précieuses que des joyaux. Ces petites perles enfarinées ressemblant à des crozets , héritées du passé, nous ramènent à ces festins où l’amour se dégustait à chaque bouchée.
Et puis, il y avait les rires cristallins des parties de pétanque, lorsque les passionnés du village des Clarions, à deux pas de l'abbaye du Laverq, se retrouvaient pour s’affronter dans des duels amicaux. À chaque jet de boule, c’était notre histoire qui s’ancrait un peu plus dans cette terre, entre éclats de rire et défis lancés sous le ciel clément de l’été.
Aujourd’hui encore, nous revenons aux Clarions, portés par l’appel du vallon et par l’engagement indéfectible de ceux qui, tout comme nous, chérissent cette tradition. Les amis du village, les membres de l’association, tous se rassemblent avec le même désir : maintenir cette flamme vivante, préserver la beauté sauvage du Laverq, pour que, au détour des sentiers et des souvenirs, notre histoire continue de s’écrire, un peu plus, année après année.
A travers ces mots je rend hommage à Association pour la protection et l'aménagement du vallon du Laverq.
Benoît Pierre Guigues de Souza