Tous commerces à Barcelonnette
On trouvait tout à Barcelonnette. Les commerces de la rue Manuel attiraient les habitants de toute la vallée, et même ceux des vallées voisines.
A l’aube du 20ème siècle on passait encore les cols à pied ou avec une charrette, avec toutes sortes de marchandises. Les clients étaient déjà attirés par de la publicité, comme en témoigne le Journal de Barcelonnette.
Vous pouviez vous procurer de la brillantine japonaise pour cirer les meubles, fabriquée par « la Moutarde de Dijon ». A la pharmacie SIGNORET on vous vendait une boulette pour calmer définitivement les rages de dent et de la Jouvence de l’Abbé Soury pour soigner les fibromes. Le coiffeur MONJARDIN de la place Manuel procurait le célèbre régénérateur de cheveux gris Royal Windsor. Le café mexicain et le savon du Congo qui éclaircit le teint ne manquaient pas. Les lunettes c’était chez MAUREL. Les vélos et les premières motocyclettes chez Léon ASTIER ont dû en faire rêver plus d’un.
Le jour de vos courses, avec un peu de chance vous pouviez consulter un dentiste de Marseille en tournée, installé à la boutique du bourrelier MARTEL, ou un ex-aide-vétérinaire recommandé, de passage chez le maréchal ferrant. A l’hôtel CASTEL, un grand spécialiste des hernies donnait rendez-vous, pas étonnant qu’on puisse souffrir d’hernies avec tout ce qu’il fallait charrier.
Mais le grand bazar pour le bonheur des dames, là où on trouve tout, c’était au siège du Journal lui-même. Droguerie, meubles, éditions, petites annonces, photographie, ciments, assurances et couronnes mortuaires, bouteilles vides et couleurs, poêles et bijouterie, parfumerie etc… donc un bon coin à l’angle de la rue Manuel. Trop long d’énumérer tout ce qu’on pouvait acheter ou commander aux établissements ASTOIN.
Evidemment tout le monde ne pouvait pas se permettre des achats superflus. Alors pour gagner quelques centimes certains ont dû remarquer la petite annonce de Louis MASSE, du Lautharet à Saint Vincent les Forts. Il achetait les escargots « coureurs ou couverts » tous les samedi dans la remise de l’Hôtel du Nord. Je précise pour ceux qui seraient intéressés par la chasse aux escargots que l’escargot coureur est bien éveillé comme son nom l’indique, tandis que le couvert est bouché, operculé dirait un spécialiste, mais l’héliciculteur en fait son affaire.
Quand Antonin et Caroline SICARD ont décidé d’acheter la machine à coudre à pédale, une nouveauté qui changeait la vie de la ménagère, ils avaient le choix du représentant local. ASTIER ou ASTOIN ? Le coiffeur BOUGET vendait des Pfaff venant de la maison CHAURAND de Digne, qui proclamait : « Méfiez-vous des machines à bas prix… ». Ils ont choisi une Climax, de Paris, chez le tailleur Auguste TRON.
Le bon de garantie de 25 ans a été soigneusement rédigé sur une page de leur livre de compte, avec les documents importants. C’était comme une garantie à vie, vendeur et acheteur sont morts avant la fin de la garantie. Auguste TRON a livré la machine à Allos, le 15 Aout 1899, soit pour la fête locale, autant voir du monde à l’occasion de cette expédition. Il faut imaginer la livraison, plus d’une demi-journée sur la piste qui faisait encore office de route du col en cette fin de siècle. Mais il faisait beau et 26° seulement. On peut le savoir car le Journal de Barcelonnette donnait toujours la météo : le temps qu’il avait fait bien sûr, pas le temps qu’il allait faire comme de nos jours…
Auguste TRON 1853/1913 né au Lauzet, fils de Jean André (branche TRON de Chaudon à Revel) . Tailleur d'habits à Barcelonnette , époux d' Eugénie Liotard
Antonin Sicard 1859/1913 né à Allos, fils de Honoré, boulanger à Allos, époux de Caroline Michel
Le Journal de Barcelonnette numérisé est accessible sur le site de la médiathèque de la vallée, à Barcelonnette, Réseau des colporteurs.
Pour les cartes postales anciennes nous remercions :