Une bonne table au Laverq
Encore une belle fête patronale pour ce 15 août 2024! On vous racontera...Sachez déjà que le banquet a échappé à la pluie. Emmanuelle, la gérante du gîte du Laverq, a régalé les convives avec une cuisine saine et appétissante, résolument moderne.
Finies les expéditions d’autrefois pour se rendre dans le haut du vallon, il est désormais possible de se restaurer, se ravitailler ou être hébergé dans un gîte-refuge confortable, mais soucieux de l’environnement.
Alors dans cette rubrique histoire, c’est l’occasion d’évoquer quelques petits commerces ou gargotes d’autrefois, pompeusement dénommées auberges. Voyageurs et excursionnistes (on ne disait pas encore touristes) ont toujours eu besoin d’abri et de ravitaillement. Il fut un temps où vous pouviez louer un mulet pour explorer le haut du vallon et contempler un des derniers glaciers de France, le plus méridional. Mais passé le café de St Barthélémy il ne restait plus que le petit commerce de Mme Audemar à l’Abbaye. Un demi siècle plus tard, certains d’entre nous, ont pu manger l’omelette chez les Collomb. Quand ils arrivaient de la vallée voisine, en ski de randonnée par la montagne, Faustin disait «tiens, vous voilà, c’est bien le printemps». Puis il y a eu un petit refuge grâce à la famille Silve... et certainement beaucoup d'autres maisons d'hôtes dans les siècles passés.
Cartes postales du début du siècle @ Ubaye au siècle dernier
En feuilletant la longue histoire du Laverq nous avons aussi découvert que le presbytère, à coté de l’église, avait servi d’auberge quelques années avant la révolution.
Une drôle d’histoire connue par les registres du conseil de paroisse. On y apprend que le curé est toujours absent, malgré les travaux coûteux réalisés par les paroissiens pour sa maison curiale et, n’y résidant plus, il l’a louée pour son propre compte à un particulier qui y tient auberge. Des transformations du bâtiment ont été entreprises tout aussi illégalement, un mur percé menace la solidité de l’édifice. C’en est trop ! La maison curiale doit servir au seul usage du curé, qui ne doit pas « en faire une auberge, parce qu’ordinairement dans une auberge, bien des gens, après boire, s’amusent à graver sur le blanchissage des murs et des fenêtres de même que sur les portes, et par ainsi ils dégradent toute une maison»...
Nous voilà renseignés sur les incivilités commises par les clients de l’époque, déjà des tags!
On délibère et on vote pour missionner deux députés chargés de trouver des avocats pour faire un procès au curé «par devant le tribunal qu’il faudra»… Or ce conseil fut tenu le 10 septembre 1780, et c’était un dimanche : le dimanche le curé doit venir dire la messe. Alors que le premier délibéré du conseil est déjà bien noté pour la postérité : «s’est présenté Messire Charbonnel Curé, lequel a offert de donner à la Paroisse la somme de 48 livres, prix et somme qu’il a retiré de la location». Il s’engage également à fermer l’ouverture dans le mur d’ici la Toussaint. On accepte la transaction, avec un supplément tout de même : il versera 150 livres par an s’il loue encore.
Qui était l’aubergiste non nommé dans la délibération ? Il n’y a qu’une personne désignée aubergiste par ailleurs, c’est un Amavet de la maison voisine de l’église...